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Introduction

Lorsque l’on commence à exposer ses premières œuvres photographiques, se pose la question du tarif à appliquer à son tirage. Le prix d’une photographie dépend d’un grand nombre de paramètres, l’estimation financière reste donc un exercice difficile. Il ne s’agit pas de se dévaloriser en affichant des prix trop bas, mais à l’inverse, il est déconseillé de se surévaluer, ce qui pourrait constituer un réel frein à l’achat, et donc à son évolution au sein du marché.


À retenir :

Si la tarification repose sur des critères précis tels que la rareté, la taille du tirage ou encore le mode de production, le marché de l’art demeure néanmoins une transaction commerciale, pour réaliser une vente, qu’elle se fasse en direct ou passe par un tiers comme une galerie, il suffit que l’acheteur et le vendeur s’accordent sur le prix. Et pour cela, le prix doit être juste.


En détails

Il n’existe aucun registre, aucune étude sur la valeur du marché de la photographie dans le secteur du premier marché. C’est à dire, sur la première vente d’une œuvre. Les seuls chiffres dont on dispose sont ceux du second marché par les maisons de ventes aux enchères. Pour évaluer les tarifs qu’il est possible de pratiquer, il est crucial de connaître ce marché. Si la photographie existe depuis presque deux siècles, son marché s’est développé relativement tardivement, autour des années 70 et 80.


Sur les stands de Paris Photo, l’une des plus grandes foires au monde dédiées à la photographie, les tarifs pour une œuvre d’un jeune artiste avoisinent les 1000 / 1500€ pour un premier tirage en édition limitée, et peuvent aller jusqu’à 5000€ s’il s’agit d’un très grand format.

La numérotation


Il est important d’établir une numérotation pour chacune de vos photographies mises en vente. Pour qu’elles soient considérées comme œuvres d’art, elles ne doivent pas dépasser les 30 éditions. C’est le code général des impôts qui le précise : « Sont considérées comme œuvres d’art les photographies prises par l’artiste, tirées par lui ou sous son contrôle, signées et numérotées dans la limite de trente exemplaires, tous formats et supports confondus. ». La fiscalité n’est pas sans importance, car c’est elle qui permet de bénéficier d’une TVA à taux réduit, à savoir 5,5%. La photographie, qui est un médium reproductible à l’infini, a une valeur commerciale subordonnée à sa rareté. Si vous souhaitez vous positionner sur le marché, avoir un nombre réduit d’éditions contribuera à attirer les collectionneurs et défendre un juste tarif de vente.


Aujourd’hui, de nombreux galeries, marchands ou encore organisateurs de foires conseillent de ne pas dépasser les 10 exemplaires, pour augmenter la valeur de la photographie en règle générale.


Vous devez également définir le format de l’œuvre. Il peut y avoir un seul et unique format ou plusieurs. Pour rappel, plus il y en a, plus l’œuvre perd de sa rareté et de sa valeur. Vous pouvez donc privilégier tous formats confondus pour votre numérotation.


Il est important de constituer une comptabilité précise du nombre de ventes effectuées et ne plus réaliser de tirage une fois toutes les éditions vendues, des tirages d’artistes peuvent exister mais ils doivent être précisés aux acheteurs et consignés. Au moment de la vente d’une œuvre numérotée vous vous engagez. Ne risquez pas d’ajouter une nouvelle numérotation après la vente, votre cote d’artiste en pâtirait et vos collectionneurs pourraient se retourner contre vous.


Par exemple : un tirage tous formats confondus vendu à 7 exemplaires + 3 EA (épreuves d’artistes).


Estimer ses premières œuvres


Plus un artiste photographe est connu, plus il est exposé, édité et consacré (Prix, achats institutionnels), plus sa cote va augmenter. C’est sa notoriété qui va permettre d’obtenir un quotient de valeur. Et en toute logique, il augmente au fil de la carrière du photographe.


Mais lorsque l’on débute, que l’on a jamais ou peu vendu, il existe une règle de base qui est de multiplier par 3 le tarif de production du tirage. À cela, il est possible d’ajouter la valeur esthétique qui peut participer à augmenter le tarif, mais il faut rester raisonnable.

 Lorsque l’on débute, le mode de production est donc très important, les choix doivent se justifier, en particulier s’ils sont coûteux.



Des prix progressifs ?


Il est possible d’appliquer une fourchette de progression pour la vente d’un tirage. La première numérotation d’un tirage peut être définie sur un prix fixe, mais si cette image rencontre du succès et qu’il en reste peu sur le marché, il est justifiable d’augmenter son prix. Ainsi, on peut avoir un prix qui passe du simple au double, ou au triple entre la première et la dernière édition.


L’importance de la réalisation du tirage


La technique de tirages photographiques, depuis ses balbutiements, a toujours été au centre des interrogations en terme de conservation. Contrairement à la peinture ou à la sculpture, la durée de vie d’un tirage est plus courte et ses conditions de conservation plus difficiles. Un tirage exposé en pleine lumière sera enclin à se dégrader plus vite… Si les collectionneurs se sont montrés méfiants à l’arrivée du tirage couleur ou plus récemment au numérique, les impressions en jet d’encre pigmentaire arrivent aujourd’hui à convaincre sur leur longévité. Faites appel à des laboratoires professionnels qui vous garantiront un réel savoir-faire. La réalisation des tirages avec des procédés anciens ou traditionnels en argentique peut également jouer en faveur de la valorisation de vos œuvres.

À moins d’une demande spécifique d’un acheteur, ou que vous ayez des finitions qui fassent partie intégrante de l’œuvre, un tirage se vend nu, sans contrecollage ni encadrement.



Si des doutes persistent pour estimer vos tirages, n’hésitez pas à pousser les portes des galeries, qui sont en accès libres, ou comparer les parcours et tarifs de vos pairs. 

« Pour les jeunes photographes, il faut commencer par faire des ventes, donc les prix ne doivent pas être prohibitifs. Un photographe qui n’a pas de cote, peut difficilement alléguer des prix élevés, à moins d’avoir une production particulière et coûteuse, mais il faut rester sur des prix d’appel, pour que les collectionneurs passent le cap de l’achat d’un photographe non coté et peu exposé, ou qu’il découvre tout simplement. Je pense qu’au début, il ne faut pas dépasser les 900/1000€ pour un petit format - à moins qu’il ne s’agisse d’un tirage très spécifique ou d’une pièce unique, bien entendu - ce ne serait pas leur rendre service. Par contre, au fil du temps, les prix sont révisés, en fonction du succès du photographes. Quand les photographes commencent à rentrer dans les collections institutionnelles, ou même celles des entreprises, les collectionneurs sont rassurés, puisque les travaux sont ainsi valorisés. »

Caroline Bénichou, Directrice de la Galerie VU’


Liens utiles

Bibliographie

- The Compact Guide to Collecting Fine Art Photography, Daniel Miller (Avril 2024), éditions MortarMouse (en anglais uniquement).

- Le marché de la photographie 1919-1931, Françoise Denoyelle, L’Harmattan (1997)