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Introduction

La photographie n’a eu de cesse de suivre les évolutions technologiques et elle a toujours su se réinventer. Avec l’ère du numérique, elle a subi des changements et des mutations, et aujourd’hui, avec l’arrivée de l’intelligence artificielle générative on perçoit l’inquiétude des photographes, mais aussi de tous ses métiers satellites. La photographie va-t-elle disparaître, ou va-t-elle au contraire, être plus que jamais nécessaire ?


À retenir :

Au même titre que les logiciels de traitement d’images, l’IA générative peut être un outil d’aide à la création dont peuvent se saisir les photographes. Lorsque les appareils photos numériques sont arrivés sur le marché, il y eut beaucoup de méfiance, sur la qualité ou encore le long temps de latence entre le déclenchement et la prise de vue. Certains y voyaient une menace, d’autres un gadget sans avenir. Force est de constater qu’aujourd’hui le numérique a pris une place prépondérante dans la production photographique mondiale, sans avoir réussi à tuer les pratiques traditionnelles argentiques ou encore les procédés anciens dont beaucoup de photographes artistes se servent à nouveau. Alors l’IA générative est-elle un danger pour les photographes et plus généralement pour la photographie ? Inutile de diaboliser un outil puissant qui est déjà là, il convient donc d’apprendre à mieux le connaître et à vivre avec. En tant que photographes, vous avez la possibilité de vous approprier l’IA générative comme un outil sans oublier de protéger vos propres créations.


En détails

Le 13 mars dernier, le Parlement européen a adopté la première réglementation mondiale sur l’utilisation de l’Intelligence artificielle générative. Aujourd’hui, la puissance de l’IA repose sur la production de millions d’images produites par des humains. Face à cela, les créateurs, parmi eux les photographes, se sont sentis pillés et volés. L’AI Act permet donc de fixer des obligations pour respecter les droits d’auteur des créateurs d’images, en imposant notamment de la transparence aux plateformes d’IA générative auprès des titulaires de droits. Aujourd’hui, en tant que photographe vous pouvez vous opposer à ce que vos productions soient utilisées pour entraîner l’intelligence artificielle - appelée fouille de données - en procédant à un opt-out.

L’arrivée d’une telle « révolution technologique » nécessite une règlementation et la mise en place de bonnes pratiques pour éviter toutes dérives et en particulier la violation des droits d’auteurs ou encore la propagation de fausses images à des fins informatives. A ce sujet, la ministre vient de lancer deux missions pour le Conseil Supérieur de la Propriété Littéraire et Artistique, l’une portant sur l’obligation de transparence prévue par le règlement européen, l’autre sur l’application du droit d’auteur dans le cas d’utilisation d’œuvres par les fournisseurs d’IA. Il est possible d’envoyer ses contributions écrites sur les sujets à l’adresse suivante : cspla@culture.gouv.fr 


Comment procéder à l’opt-out de vos œuvres ?

En procédant à un opt-out, vous signifiez clairement que vous refusez que vos photographies soient utilisées par les plateformes d’IA. Vous pouvez intervenir sur votre site internet, en spécifiant dans vos mentions légales ou en configurant des fichiers spécifiques, mais aussi en opérant directement sur vos fichiers images par les métadonnées. Cette dernière solution permettra de garder vos préférences, quel que soit le support de diffusion de l’image (sites externes au vôtre). Attention cependant à veiller à ce que les métadonnées soient bien conservées par le site diffuseur.

L’Adagp a mis à disposition un guide très complet pour vous aider à procéder à l’opt-out de vos photographies : https://res.cloudinary.com/void-sarl/image/upload/v1708684982/ADAGP_Guide_OPT-OUT.pdf


L’IA, comme un outil supplémentaire d’aide à la création ?

L’intelligence artificielle générative permet de produire des photographies grâce à des prompts textuels ou visuels. Et ce sont ces derniers qui peuvent être les plus intéressants à explorer pour les artistes photographes qui souhaiteraient dompter cet outil. De nouvelles créations seraient ainsi produites à partir de vos propres photographies. Nombreux sont les photographes qui se sont déjà saisis de l’IA pour créer des séries artistiques particulièrement étonnantes.

« Il est difficile d’avoir des prédictions précises et définitives sur l’impact de l’IA, ce que l’on sait c’est qu’il sera important dans beaucoup de secteurs. Il va y avoir majoritairement un effet de complémentarité, c’est-à-dire que les gens vont se saisir de l’IA et travailler avec. Mais on ne peut pas masquer qu’il y aura aussi un effet d’éviction et d’effacement de certains métiers. L’IA générative, ce n’est pas la réalité, c’est la plus forte probabilité. Une fois qu’on en a pris conscience, c’est un outil formidable. Il s’agit de dédiaboliser l’intelligence artificielle sans l’idéaliser. Et au final, l’IA c’est ce que nous en ferons. »

- Alexandra Bensamoun – professeure de droit privé, Université Paris-Saclay, personnalité qualifiée au Conseil Supérieur de la Propriété Littéraire et Artistique – ministère de la Culture lors du 5ème Parlement de la Photographie, juin 2024.


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